Révolution Silencieuse
Sur son premier album, « Révolution silencieuse », AUBE dévoile les prémices d’un nouveau lendemain ; entre analogique et numérique, machines et vieilles pierres, vaste ciel et toile du web, le duo nous conte les paradoxes d’une génération.
Dans leurs chansons, le soleil est aussi indispensable au robot « Klara » qu’à la « Fleur » de cactus. Avide de progrès, « L’obstinée » frappe et mute pendant qu’un homme, dans sa « Bulle », contemple le ciel pour échapper à la folie urbaine. Sur « La toile », les bouches anonymes palabrent et quelque part, une femme reçoit « La lettre » qui bouleversera sa vie. Au coeur de cette frénésie, « La demeure » intérieure de chacun fait sa « Révolution silencieuse » et on y salue « Madame », pétrie des siècles qui nous précèdent.
Jeanne Barbieri et Ena Eno nous décrivent ces temps ambigus avec onirisme et frontalité, dans univers riche et immersif, à la croisée de la chanson française et de la musique trip-hop. Ena Eno combine éléments acoustiques et électroniques, enveloppant le chant de paysages sonores sophistiqués et organiques. Jeanne Barbieri y apporte son goût pour la mélodie et son écriture métaphorique, portée par une voix pure, profonde et émouvante. Peu traitée, l’expression vocale se veut particulièrement humaine, en contraste avec le rouage instrumental, imperturbable comme les cycles de la nature ou les engrenages d’une mécanique.
Chez Aube, on entend Björk à ses débuts, dans la voix portée et l’électronique organique ; l’ambiguïté des timbres et les passages les plus sombres nous rappellent Portishead ; on y sent La Chica dans l’amusement à morceler et recoller, ou la présence de Laurie Anderson dans l’attrait pour la répétition ; quant à l'intimité des textes et leur caractère littéraire, on y perçoit l’influence de Barbara et d’Arthur Teboul.
Aube offre à la chanson française actuelle des couleurs inouïes. Passerelle entre tradition poétique et inédit musical, ce duo se révèle incontournable.